Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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et agents de toute espèce. Cet article seul dépasse 56,000 florins et l’on trouvera ci-dessous le détail des sommes reçues par chacun d'eux nominativement, à l'exception des employés subalternes. Nous nous sommes bornés à mettre les initiales des noms ; on en comprendra le motif. Outre cela, chaque citoyen recevait sur les sommes ou sur la vaisselle pillée, une indemnité 5 fl. 35. par jour, 1 fl. 6 s. pour sa femme et 1 fl. pour chaque enfant. Bien entendu que les patriotes seuls touchaient cette haute paye, au moyen de laquelle ils pouvaient politiquer et fainéanter tout à leur aise. Ces indemnités dépassèrent en 50 jours 600,000 florins. Les révolutionnaires pauvres trouvèrent encore moyen de se faire adjuger des secours, tant en argent qu'en nature, et cet article s'éleva encore à la somme énorme de plus de 113,000 florins en 50 jours. Ainsi donc, à Genève comme partout, la démocratie triomphante fit marcher de front le pillage et l'assassinat, l'avidité et la barbarie. Ainsi, tandis que le sang inondait le bastion, de funeste mémoire, le vin ruisselait dans toutes les salles et dans tous les bureaux de l'Hôtel-de-Ville. Que de hontes, que de crimes accumulés! Qu'il est étrange de penser qu'à peine un demi-siècle s’est écoulé depuis ces scènes infämes, que des centaines de coupables et des milliers de témoins sont encore vivants... et que la même faction ose relever la tête, glorifier les crimes de ses devanciers, avouer leurs doctrines, accepter leur héritage, ressaisir le pouvoir dans cette ville qu'ils ont remplie de leurs turpitudes, recommencer les mêmes calomnies contre l'aristocratie, avec l'espoir de la frapper du même glaive, d’exercer sur elle les mêmes spoliations, et de réveiller dans la

multitude les mêmes fureurs !...…