Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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événements, sur les individus, et faire briller avec éclat la Justice et la Vengeance Nationale.

Ainsi, l’on a vu le Peuple Genevois s’insurger le 19 Juillet, pour réléguer ses ennemis dans le néant : à cet effet, un Tribunal Révolutionnaire fut institué ét rendit publiquement justice : mais telle est la marche des révolutions, que les premiers actes de Justice Nationale ne peuvent suffire pour détruire tous les ennemis de la Patrie.

Le Tribunal chargé de juger, dans un terme court, un nombre considérable d'individus, ne put s'occuper avec fruit que d’une partie de ceux qui avaient manifestement paru ennemis des principes sacrés de l’Egalité et de la Liberté. Il n'eut pas le temps de porter la lumière sur ceux qui conspiraient en secret contre des intérêts chers à tous les vrais Genevois ; ainsi des coupables parurent au Tribunal; les Juges trompés furent cléments, etla Patrie demeurait sans être entièrement sauvée.

Sévère envers les ennemis du Peuple, le Tribunal fut abusé sur ceux qui avaient pris le masque du patriotisme; un des chefs d’une conjuration, qui ne tendait pas moins qu'à renverser la République Genevoise, fut renvoyé absous; cet Acte eût dû faire rentrer en eux-mêmes les conspirateurs ; mais au contraire, le vice profondément enraciné dans leur cœur ne fit qu’accroître leurs perfides manœuvres ; leur système se renouvela avec force et audace, et ils provoquèrent eux-mêmes leur destruction. (Il s’agit ici de Witez.)

Depuis un an, une Société populaire s'était formée sous le nom de Montagnards, Sentinelles de la Liberté : ce titre de Montagnard, précieux aux Français, qui, à l’aide d’une association sous ce nom, ont détruit une faction liberticide, ne présentait aucun rapport avec les Genevois, ni avec leur position. En effet, les uns en France voulaient avec raison anéantir les factieux, établir un Gouvernement central, et faire cesser tout conflit entre les Autorités. Les autres à Genève voulaient, au contraire, détruire les Autorités populaires, désorganiser ce que la révolntion avait créé, laisser la Patrie dans une anarchie complète,

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