Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

ont été jugés; savoir, les uns comme anarchistes ou ennemis du Peuple Genevois et les autres comme ennemis de la Liberté et de l’Egalité. Ici un jugement particulier du Tribunal trouve naturellement sa place: le 24 Août, un Citoyen nommé Alexandre-Michel Benoit, insulta et menaca publiquement le Résident de la République Française ; aussitôt cet homme fut incarcéré, et le 25, en réparation de cette offense, le Tribunal le condamna à mort ; la sentence fut immédiatement exécutée. Cet événement prouvera à la Nation Française, que la Nation Genevoise veut que le Résident de France soit respecté, et quelle sait séparer la personne du Représentant d’une Nation généreuse amie et alliée de la nôtre, d’avec celle de Soulavie.

Le Tribunal Révolutionnaire a estimé convenable d’adopter dans ses jugements une mesure nécessaire dans les circonstances actuelles et utile pour Pavenir ; c'est celle de suspendre pour un temps les ennemis des principes de la Liberté et de l’Egalité de l'exercice de leurs droits politiques.

En effet, la révolution actuelle doit amener successivement des lois régénératrices, et, pour! assurer d'autant mieux leur sanction, il convient d’écarter, soit de la discussion, soit du vote, tous ceux qui ont paru en divers temps ennemis des droits du Peuple : cette disposition devra nécessairement s'étendre sur tous ceux qui ont été mis en cause par-devant le premier Tribunal, nos Concitoyens en sentiront la nécessité et la justice; d’ailleurs l’on observera que le Tribunal a établi une juste distinction entre les Aristocrates et leurs satellites; qu’ainsi ces derniers, désignés sous le nom d’Ænglués, ont la perspective de rentrer dans l'exercice de leurs droits politiques; ils sont nés parmi le Peuple, ils sentiront leur erreur, ils reviendront de leur égarement, et ne doivent pas être détachés pour toujours du faisceau.

Le système anarchique, qui nous travaillait depuis longtemps, et que l’on peut classer dans les plans contre-révolutionnaires, a enfin été détruit avec ses Agents ; il n’est pas en notre pouvoir de punir le plus perfide de tous, sa Nation reconnaîtra sans doute que cet ex-Prêtre cherchait, en compromettant l’In-