Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Elle était comme la fée de ces palais et de ces bosquets admirables de Versailles; la voir, lui parler, était un rêve pour bien des esprits, et Rouget nourrissait dans son cœur cet extrème désir. Il avait une parente altachée à la personne de Marie-Antoinette, chez laquelle il était venu passer ses vacances; elle occupait un des appartements du château et la reine venait familièrement chez elle. Un jour donc qu’elle devait venir avec M°° Élisabeth, la parente fiteacher, derrière lesrideaux d’une alcôve, Rouget qui, d’abord témoin ignoré des intimités de la visite, ne put longtemps garder l’immobilité à laquelle il était condamné. Sa présence inattendue troubla les visiteuses, mais Rouget s’excusa de si bonne grâce qu’on lui pardonna son indiscrétion :,4 Ma parente m'avait dit tant de «bien de la reine, qu’elle était si belle, si bonne et si « charitable, que j’ai voulu voir la reine. »

Telle était la fin de son excuse. Cette petite anecdote contribua probablement à développer dans le cœur de Rouget le sentiment, très explicable, d’ailleurs, par lorigine et par l'éducation, qui l’attachait à la royauté et qui, en le faisant protester plus tard contre la prise des Tuileries, au 10 août 1792, le rendit suspect, lui fit perdre son grade, et causa son incarcération. Mais n’anticipons point.

Au sortir du collège de Lons-le-Saulnier, Rouget entra à l’école spéciale militaire de Metz et il en sortit comme officier du génie. Il était capitaine quand éclata la Révolution de 4789. Il ne resta pas longtemps au service militaire ; nous donnons immédiatement la liste de ses états de service :

Il sortitsous-lieutenant de l’école du génie de Mézières en 1782, fut nommé lieutenant en 2° au corps royal du génie le 1* avril 1784; lieutenant le T septembre 1787, capitaine de 5° classe en 1791, suspendu de ses fonctions