Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
— 2992 —
de la forêt. C’était un pavillon hexagone, en marbre d’une éblouissante blancheur, surmonté d’un dôme et d’une architecture aussi noble qu'élégante. — « Quel est € ce pavillon? Comment se fait-il qu’on ne m’en ait jamais € parlé? Quel en est le propriétaire? Pourquoi l’avoir fait « construire dans ce lieu désert et presque sauvage ? »
« Ces questions que je m’adressai toutes à la fois, sans aucune donnée pour les résoudre, ne firent que rendre ma curiosité plus vive, et je me hâtai vers l’objet qui l'avait excitée. J’en avais soigneusement examiné la position. Familiarisé comme je l’étais avec le terrain, je me désignai les sentiers aboutissants ; et malgré l’épaisseur du taillis, quoique, une fois que j’y serais engagé, je dusse renoncer au secours de la vue pour me conduire, je me croyais certain de parvenir au point désiré, directement et sans obstacles. |
« J’abordai la lisière du bois dans cette confiance ; elle fut trompée. Nulle issue ne s’offrit à mes regards; toutes avaient été fermées avec l'attention la plus minutieuse : on eût dit qu’une puissance jalouse s'était étudiée à rendre inaccessible l’enceinte où je voulais pénétrer. Impatienté de ce contre-temps, j'étais prêt à m’éloigner, lorsque s’élancèrent de la forêt deux animaux charmants, espèces de levrettes parfaitement semblables, blanches comme la neige, marquetées de taches de feu symétriques, d’une taille au-dessous de la moyenne, et des formes les plus gracieuses.
« Ces jolis animaux accourent à moi, me font mille caresses, et reçoivent les miennes avec de petits gémissements doux et plaintifs, qui tenaient également de la Joie et de la tristesse, Tout à coup l’une d’elles se précipite vers l’endroit par où elles étaient sorties, retourne la tête à chaque instant comme pour s'assurer que je la suivais : l’autre demeura constamment à mes côtés.