Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

— 301 —

LE ROI DES AULNES ÉLÉGIE

Imitée de l'allemand de Got.

J’ai traversé, minuit, et l'ombre et les frimas!

C’est un père à cheval, son enfant dans ses bras,

Et qui, pour l’échauffer, contre son sein le presse. LE PÈRE

— € Tu tressailles, mon fils, d’où te vient cet effroi ? L'ENFANT

— « Des Aulnes, dans les airs, ne vois-tu pas le Roi, & Mon père?

LE PÈRE — € Que dis-tu? quel vain trouble t’oppresse ? L'ENFANT

— « Sa couronne, sa robe et ses longs plis épars, « Les vois-tu ?

LE PÈRE :

— «Je ne vois qu'un sillon de brouillards. »

LE ROI DES AULNES

— « Jeune enfant! à mes vœux docile, « Viens, suis-moi dans un beau séjour. « Le plaisir habite ma cour,

« Des jeux c’est le riant asile.

« Viens, viens, pour l’embellir encor, « Ma mère a des vêtements d’or.