Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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en appoint des objets de luxe et de brocante. Parmi ces objets se trouvait un lustre estimé à plus du triple de sa valeur.

Ce prêt usuraire et de mauvaise foi révolta Rouget qui, se trouvant un jour dans le salon avec le banquier, lui reprocha son action. Celui-ci, pour toute réponse, lui lança un rire moqueur. Rouget, indigné, lui jeta son gant à la face en lui disant : « Voilà ce qui revient à un juif qui ruine un honnête homme. » |

Le banquier ne répondit point à cette provocation. On dit qu'il devint ministre en 1830. Peut-être pourronsnous arriver à trouver son nom en vérifiant le fait.

C'est le seul acte emporté qu’on peut reprocher à notre poète. Îl eut une autre aventure à subir et qui eut pour lui les plus fâcheuses conséquences.

Le 14 janvier 1826 il souscrivit au profit de M..Boudousquié, avocat à Paris, une lettre de change pour une somme de 500 francs prêtés amicalement; la lettre de change était payable à soixante-dix jours, le 25 mars, au domicile d’un négociant de Cahors (Lot). Transmise par voie d'endossement, elle fut protestée le lendemain faute de payement. On obtint contrainte par corps. Rouget fut poursuivi comme débiteur et enfermé pour dettes à la prison de Sainte-Pélagie, le 9 juin 1826. Son acte d’écrou porte le n° 4,552.

Depuis, M. Boudousquié fut nommé procureur du roi à Cahors en 1830, et député du Lot en 1834. Dans une brochure de quelques pages M. Cornède-Miramont donne les détails de ce procès et stigmatise, comme il le mérite, le persécuteur de l’illustre auteur de a Marseillaise.

Béranger apprit le 19 juin la nouvelle de l’incarcération de son ami. Voici en quels termes il lui écrivit :