Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

À

US 21 juin 1826.

« Je viens de chez vous, et malgré le silence obstiné de vos hôtes, je me suis convaineu que ce qu’on m'a dit il y a deux jours à la campagne n’est malheureusement que trop vrai. Je vous écris donc à Sainte-Pélagie. Je n'ai plus à vous faire de protestations de dévouement. J'entre en matière sur-le-champ.

« Quelle dette a causé votre détention ? Est-elle considérable? Répondez-moi positivement. N’allez pourtant pas en conclure que je sache encore par quel moyen. vous tirer de là. Malheureusement vous m'avez toujours connu de bonnes intentions et peu de pouvoir. Mais enfin dites-moi d’abord si vous croyez que des démarches auprès du créancier pourraient quelque chose. J'en ferai s’il le faut. Je tenterai d’autres voies, mais il est nécessaire, avant tout, je vous le répète, de savoir pour combien vous êtes écroué.

« Je connais les usages de la prison politique et nullement ceux de la dette. Je crois me rappeler pourtant qu'on ne peut obtenir de permis à la police pour entrer chez les détenus qu'avec leur autorisation. Envoyez-moi done la vôtre; mon commissionnaire attendra votre réponse dans les guichets.

€ J’ai une recommandation à vous faire : ne rougissez pas d’être détenu pour dettes. C’est à la nalion toul entière à rougir des malheurs qui n’ont cessé d’accabler l'auteur de la Marseillaise. Je l'ai erié bien des fois dans les salons de l’égoïsme. Peut-être qu'à la fin un peu de pudeur le fera comprendre aux plus sourds.

« Tout à vous de cœur, votre ami.

« BÉRANGER.

«P.-S. — Point d’enfantillage ; répondez-moi sur-lechamp. »