Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Rouget commençait à désespérer de la fortune, et sa délicatesse était portée à un tel point, qu'il craignait d’abuser de l'hospitalité si généreusement offerte par le sénéral Blein.

La souscription annoncée par Béranger n'avait pas encore eu de résultats ; nous sommes en avril 1898 el Rouget, poussé à bout, adressa, à la date du 22 avril, la lettre suivante à son ami Béranger. Elle est datée de Choisy-le-Roi :

« C’est bien à regret que je viens encore mettre sous vos yeux et mon triste individu et ses hideuses infirmités. Patience, cher Béranger, cette fois je crois très positivement que ce sera la dernière. :

« En acceptant l'hospitalité, que m'a si noblement offerte le général (Blein), j'ai contracté l’obligation de ne point abuser de son amitié, de ses procédés, et de ceux de tout ce qui l'entoure. Le temps pendant lequel je croyais pouvoir en profiter est plus que dépassé : ce serait le comble de l’indiscrétion que de prolonger mon séjour dans cette maison, et fort mal reconnaitre cette amitié, ces procédés, que de forcer mon bon général et son excellente femme à s’apercevoir que je suis de trop chez eux. Mille raisons finiraient par les y contraindre. Il est inutile de vous les dire, de vous les répéter : elles sautent aux yeux.

« D'ailleurs, l'absence totale, aussi complète que possible, des petites ressources nécessaires, indispensables au soutien de la plus piètre existence, rend la mienne ici désormais impraticable, et, réunie à tant d’autres chagrins plus ou moins poignants, plus ou moins cruels, plus où moins humiliants, tourmente, agite cette existence de manière à me la rendre insupportable, et tout aussi pénible que si j'avais quelque chose à me repro-