Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

AD

bué à mettre obstacle aux desseins formés par ceux qui vous portent l'intérêt qui vous est dû à tant de titres. Moi-même, surchargé de négociations pour Pierre et Paul, moi, à qui l’on croit plus de crédit que je n’en ai réellement, je n’ai peut-être pas fait ce que j'aurais pu et voulu faire. Je me reproche de ne pas toujours mettre assez d’insistance dans les demandes que j’adresse. Patientez encore, ce courage me viendra et mes amis m’aideront, du moins j'ai tout lieu de l’espérer.

€ Adieu, je vais m'occuper de vous; pour Dieu, patientez ! »

L'autre lettre, à M. Montaudon, est aussipressante :

€ Mon cher Montaudon, je vous prie de mettre sous les yeux de M. Lafitte la lettre ci-jointe, que je n’ai malheureusement reçue qu'hier soir, quoiqu’elle soit datée du 22.

« Je viens d'écrire à ce malheureux Rouget de Lisle el au général Blein, chez qui il habite, pour l'empêcher, s’il en est temps encore, d'accomplir son funeste projet.

« Plusieurs personnes se sont réunies pour faire, en sa faveur, une souscription qui püt le tirer de sa déplorable position; mais je crains bien que le secoursse fasse trop attendre. L’espoir que j'en avais conçu m'a seul empêché de parler de Rouget de Lisle à M. Lafitte{, Je sens bien qu’il ne convient pas qu’on ne s'adresse qu’à lui, comme cela arrive toujours; mais la circonstance est pressante. Mettez donc cette lettre sous ses yeux le plus tôt possible. »

Les démarches de Béranger, soit directes, soit par intermédiaires, ne furent pas vaines, et le sort de Rouget,

1. On écrivait de trois manières le nom de Rouget, comme on l’a pu voir; la vraie est Rouget de Lisle,