Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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sans être assuré contrela misère, fut pour quelque temps soulagé, mais médiocrement cependant, comme l’atteste la lettre citée déjà à la date du 16 novembre 1829.

La lettre de Rouget de Lisle à Béranger attestait nn profond désespoir, elle fait époque dans la vie de notre auteur. Nous avons saisi ce sujet pour le joindre à une série d’études que nous avons commencée surles grands hommes qui ont eu à souffrir soit de la malice humaine, soit de circonstances malheureuses qui ont attristé leur existence.

Peut-être nos lecteurs éprouveront-ils quelque émotion à suivre avec nous Rouget de’ Lisle mettant à exéeution son funeste projet et courant à la mort à travers les champs qui avoisinent Choisy-le-Roi. La scène se passe dans un des villages qui environnent Choisy. Béranger est à la recherche de son malheureux ami.

(Scène du 25 avril 1828)

DÉSESPOIR DE ROUGET DE LISLE

« Un homme a dü passer, l'air morne, soucieux,

« S’avançant à grands pas, des larmes dans les yeux,

-& Voûté 4, trapu de corps, de moyenne stature,

« Cheveux épais. roux, courts, sans barbe, et la figure « Au nez accentué, respirant la fierté,

« Jetant parfois au vent le mot de liberté.

« Un feutre aux larges bords ; une ample redingote

« Couvrant presque le bas d’une large culotte.

« Ah! de grâce, messieurs, ne l’avez-vous point vu ?

« — Attendez! si, je crois, nous l’avons aperçu

« Traversant cette place et gagnant la campagne

« Marchant comme un proscrit que la honte accompagne.

(1) Les deux sœurs de Rouget avaient une tendance à la gibbosité.