Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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« Chacun le regardait; mais il ne voyait pas
« Que des yeux curieux s’attachaient à ses pas.
« Deux passants l'ont croisé depuis peut-être une heure.
« — C’est triste, disait l’un, triste un homme qui pleure. » « — Oh ! c’est lui, c’est bien lui, messieurs, c’est un héros, « Qui se laisse mourir pour trouver le repos.
« L’ennui, la pauvreté conseillère mauvaise
« Ont désolé celui qui fit {a Marseillaise.
€ Car c’est Rouget de Lisle! Ah! messieurs, hâtez-vous.
« Rouget mourant de faim ! Quelle honte pour nous! »
A ce nom glorieux on tressaille, on s’empresse,
On s’informe, et chacun pénétré de tristesse
À bientôt renseigné le chercheur anxieux.
« Rouget, mourir de faim ! 6 penser odieux ! »
On commente le fait, on se parle à l'oreille.
Pouvait-on supposer affliction pareille !
O poète où sont donc tes sublimes accents !
— Quelques cents pas plus loin une troupe d'enfants Acités, comme on est quand quelque chose effraie, Regardaient en tremblant à travers une haie.
« Messieurs, un homme est là gisant, on croit qu'il dort.
« — Non, non, répond l’un deux, moi, je crois qu'il est mort. » On l’entoure aussitôt, on l'appelle, on le tire,
Mais il reste insensible, accablé sans mot dire.
Il a le souflle encor. « Courons au médecin!
& — J'ai pour le soulager un tout autre dessein.
« Si le corps est souffrant, l’âme l’est davantage. » Repartit l'étranger en baisant son visage.
Puis, lui prenant les mains, il chante à demi-voix
Ce chant qui nous soutint pour combattre les rois :
« Amour sacré de la patrie, Conduis, soutiens nos bras vengeurs. Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! »
Soudain le mort renaît, entr'ouvre sa paupière, Il est tout ébahi de revoir la lumière.