Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LA RENAISSANCE INTELLECTUELLE DE LA NATION SERBE 10

sa mort il écrivait: « Mon corps s’affaiblit, mais mon âme voudrait toujours du nouveau. » Mais ses jours étaient comptés. Il s’éteignit le 28 mai 1811. Sur sa modeste fortune il laissait une somme de deux cents ducats à son bourg natal de Tchakovo, pour l’entretien d’une école. Sa bibliothèque a formé le premier noyau de la Bibliothèque de Belgrade.

Dosithée Obradovitch ne fut assurément pas un homme de génie; mais la postérité lui doit le respect et la reconnaissance qui sont dus aux initiateurs. Ses Mémoires présentent la partie la plus curieuse de ses œuvres; ils se lisent encore aujourd’hui avec un vif intérêt ; la langue en est quelquefois embarrassée de russismes, mais elle est, en somme, vive, pittoresque et naturelle. Il ne prétendait pas écrire des œuvres originales; dans son imitation des fables d'Ésope, dans ses œuvres morales ou théologiques, traduites ou imitées de modèles étrangers, il voulut avant tout être utile à son peuple et il y a réussi. Il voulut être, et fut vraiment, le premier éducateur de la nation serbe, et la postérité ne séparera pas son nom de celui de ce Karageorges, qui en fut le premier libérateur.