Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

MOLIÈRE A RAGUSE

M. Tome Matic a publié récemment dans les Mémoires de l’Académie d'Agram (166° volume) une étude fort intéressante sur ce sujet. Raguse a été depuis la Renaissance une des villes les plus lettrées du monde slave. Mais elle a surtout subi l'influence de l'Italie. Elle n’est pas cependant restée inaccessible à notre littérature. De 1879 à 1884 une revue qui s'appelait Slovinac (le Slave) a publié treize comédies de Molière, traduites ou adaptées plus ou moins librement. Les manuscrits de ces traductions faites généralement au xvur* siècle sont assez nombreux ; les œuvres dont on n’a pas découvert de traductions sont les suivantes : Les Précieuses ridicules, L’Avare, La Jalousie du barbouillé, Le Médecin volant, L'Étourdi, Le Dépitamoureux, L'Impromptu de Versailles, L'Amour médecin, Mélicerte, La Pastorale comique, Le Sicilien, Amphytrion, Les Amants magnifiques, Les Fourberies de Scapin.

Les traductions de Molière en langue serbo-croate sont en général anonymes. Une seule, celle de Psyché, est signée d’un nom illustre, dans l’histoire Ragusaine, celui de Pierko Sorkocevic (en italien Sorgo). Un certain nombre de documents permettent de conjecturer les noms des traducteurs et iln’est pas sans intérêt pour nous de connaître ces amis ignorés de notre littérature.

Sérafin Cerva, dans son ouvrage intitulé Bibliotheca Ragusina, I, 205-266, dit, en parlant d’Ivan Brunic, mort en

1. Les humanistes sudslaves appellent volontiers leur langue lPillyrien. Cette langue est en réalité le serbocroate ou croato-serbe, comme on voudra.