Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LES ORIGINES DE LA NATION SERBE [LI

Les Hongrois s'emparent des villes serbes sur le Danube; les Vénitiens s’attaquent aux régions du Sud-Ouest. Parmi les despotes qui ont joué un rôle dans l’histoire, on peut citer les noms de Georges Brankovitch (1429-1456), de Lazare (1456-1458); on peut y ajouter celui d'Étienne, qui fut le dernier roi de Bosnie. Il mourut en 1463. Rien de douloureux et de confus comme l’histoire de ces dernières luttes de la nationalité serbe; écrasée dans son pays, elle essaya de se reconstituer en partie chez les congénères de Croatie et de Slavonie, de Dalmatie. Ces réfugiés sont connus dans l’histoire sous le nom d’Uscoques, mot qui a passé dans notre langue historique (Uskociti, se réfugier, italien Uscocco). Nous aurons l’occasion d’en parler plus loin.

Belgrade est aujourd'hui la capitale du royaume de Serbie; mais, comme on peut le voir par ce rapide résumé, ce n’est pas sur les bords du Danube, c’est beaucoup plus au Sud, dans les bassins supérieurs de la Drina, de la Morava, et même du Drin, que s’est joué le drame historique de la race serbe.

TN

Nous n'avons pas encore parlé de l’'Herzégovine. Cette province, au début de l’histoire, ne porte pas le nom sous lequel elle est connue aujourd’hui. Parfois indépendante, elle partagea parfois Les destinées de la Rascie. L’archevèque saint Sava, fils de Nemania, dont nous avons parlé plus haut, y organise des évêchés orthodoxes. Au xiv° siècle, elle tombe aux mains de la Bosnie. On l'appelle la principauté de Chlm ou de Zachlumie (en latin Chulmo, Chelmo, Chelmania). Les Tures y pénètrent pour la première fois en 1386, mais ils sont repoussés : la province garde son indépendance jusqu’à la seconde moitié du xv° siècle. En 1448, un prince de Zachlumie, Étienne Vouktchitch, a l’idée de prendre le titre allemand de Herzog ou due de Saint-Sava en l'honneur du saint natio-