Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires
LE CENTENAIRE DE LA LITTÉRATURE BULGARE 179
Je n'ai plus qu'un seul souci, dit l’auteur. Je crains que Dieu ne me juge pour avoir pris le fardeau de ce troupeau et l'avoir abandonné. Mais j'espère en sa grâce; carjene l’ai pas abandonné pour me livrer au repos, mais par suite de ma détresse.
Maintenant je travaille nuit et jour à écrire quelques livres dans notre langue bulgare. Si les Bulgares ne peuvent rien entendre de ma bouche, qu'ils reçoivent de moi, pécheur, quelque enseignement utile, qu'ils lisent mes écrits; qu'ils en profitent, qu'ils prient le Seigneur pour moi indigne.
.… Soyez indulgents pour celui qui a travaillé et portez-vous bien.
Sofroni ne se confinait pas dans ses fonctions ecclésiastiques et dans ses travaux littéraires. Il eut l’occasion de rendre d’autres services à ses compatriotes. Nous avons de sa main un document curieux : c’est une proclamation à la nation bulgare pour l’inviter à faire bon accueil aux Russes en lutte avec les Turcs. Ce document non daté peut se rattacher à l’année 1810. Il est signé Serafim, évêque bulgare; mais on peut croire à une erreur du copiste ou de l’imprimeur. Rakovski, qui a édité pour la première fois ce document dans Le Cygne du Danube, suppose qu'il avait dû être imprimé à Bucarest. D’après les traditions qu'il avait recueillies, l’évêque avait accompagné les Russes dans leur campagne et avait pénétré avec eux jusqu’à Rasgrad, en Bulgarie.
La proclamation de Sofroni est écrite, commeses mémoires, dans une langue assez expérimentée, mélange grossier de bulgare et de slavon. Évidemment, l’auteur est un peu embarrassé du rôle qu’on lui fait jouer. Je traduis en entier ce curieux document :
PROCLAMATION A LA NATION BULGARE.
Serafim (Sofroni), évêque bulgare.
Je vous en prie paternellement, mes chers enfants, peuple bulgare. Chrétiens qui vivez dans la terre bulgare, salut à vous. Ré-