Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE CENTENAIRE DE LA LITTÉRATURE BULGARE 183

prie pour votré âme tant que durera le monde et combien d'hommes ce livre édifiant ne mettra-t-il pas dans la vraie voie!... Un tel livre dans la simple langue bulgare, il n'y en a pas encore eu dans le monde. De tels livres en langue populaire, il y en a chez les Grecs, chez les Serbes, chez les Valaques, chez les Russes et chez les peuples d’autres religions. Seuls nos pauvres Bulgares n'ont pas reçu un tel don. C’est pourquoi ils sont obscurcis par l'ignorance. Appliquons-nous done à mettre ce livre au jour, seulement pour qu'il y ait un commencement; après nous on peut espérer qu'il y aura beaucoup de livres en langue populaire ; l'important est qu'il y ait un commencement.

Je vous en prie, aidez-moi donc, moi, votre humble prélat qui suis de votre race bulgare; aidez-moi dans cette entreprise.

Cet appel est daté du 29 avril 1805.

Il fut entendu. Ceux qui aidèrent Sofroni à faire paraitre le modeste volume ne se doutaient guère qu'il marquait une date dans l’histoire de leur peuple et qu’il allaitêtre le point de départ d’une nouvelle littérature.

Sofroni déclare que, pour rédiger son volume, il s’est servi de textes slavons et de livres grecs. Il serait assez difficile de déterminer les originaux des textes slavons, mais on sait que l'original grec est un ouvrage du prélat Nicéphore Theotoki, imprimé pour la première fois à Moscou en 1796. Une seconde édition de ce livre parut à Bucarest en 1803. C’est évidemment de cette édition que Sofroni s’est inspiré; mais la plupart dutemps ilne s’est pas borné à une traduction littérale ; il a paraphrasé, adapté, résumé, surtout résumé. Car l'ouvrage grec est plus considérable que limitation bulgare, dans laquelle interviennent d’ailleurs encore des fragments empruntés à certains manuscrits slavons.

Le suceès de l'ouvrage dépassa les espérances de l’évêque. Son nom est resté attaché au livre qui est encore aujourd’hui populaire. De même que nous disonsun calepin, un Lhomond, un Bouillet, on dit encore aujourd’hui en Bulgarie un Sofronie pour désigner ce recueil qui est la lecture” favorite des âmes dévotes. On doit encore à l’évêque d’autres ouvrages