Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

L'HISTORIEN BULGARE PAISIT 189

l'écriture slave et le baptème, mais ce n'est pas vrai. Ils ne peuvent produire là-dessus aucun témoignage. J'ai vu que beaucoup de Bulgares adoptent la langue et les mœurs des étrangers et méprisent leur langue; c'est pourquoi j'ai écrit contre les însulteurs de nos ancêtres qui n'aiment pas leur langue et leur patrie, et pour vous qui aimez à connaitre votre langue et votre race, afin que vous sachiez que nos tsars, nos patriarches et nos prélats bulgares n’ont pas été dépourvus d'annales, de livres ni de tropaires!, et combien de temps ils ont régné.

Paisii explique que ces documents n’ont pas été conservés faute d’imprimeries slaves et à cause de la négligence et de l'ignorance générales. D'autre part, après la conquête turque, les églises et les monastères ont été incendiés êt avec eux les manuserits.

Paisii commence par des considérations générales sur l'importance de l’histoire, puis à l’instar des anciens chroniqueurs il remonte jusqu'au déluge et au partage des races. Il raconte comment Moskhos fils de Japhet? habita la région du nord et devint père de la race slave à laquelle appartiennent les Bulgares.

En invoquant le nom de ce Moskhos légendaire Paisi affirme la parenté des Bulgares et des Serbes. Dans son récit historique il consacre un chapitre particulier à l’histoire des Serbes, dont la destinée est intimement mêlée à celle de leurs voisins bulgares. Après avoir raconté, comme il peut, l’histoire politique des Bulgares, il consacre deux chapitrés à l’histoire religieuse et aux saints nationaux.

Le but que poursuit Paisii en compilant son ouvrage est avant tout patriotique. Il veut relever dans leur propre

1. Dans le texte Kondiki. C’est le grec zovtaxtoy, tropaire, qui contient en abrégé le sujet de la fête du jour. Clugnet, Dictionnaire des noms liturgiques, Paris, 1895.

2. Il y a dans la Genèse (chap. x) un fils de Japhet nommé Mescech (traduction d'Osterwald). De ce personnage, l'historien polonais Stryjkowski, dans sa Chronique polonaise, lithuanienne, samogilienne et russe publiée en 1582, avait fait le père des Moscovites et de tous les Slaves. Cette généalogie fabuleuse a été acceptée par la plupart des chroniqueurs polonais et slaves.