Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

L'HISTORIEN DE LA SERBIE 15

vitch : je tiens seulement à bieh marquer les différences qui existent entre le manuel serbe et l’ouvrage définitif que nous présente aujourd'hui le savant professeur de Vienne. Le résumé de M. Stanoevitch embrasse, en un volume in-8° de trois cent quatre-vingt-cinq pages, tout l’ensemble de l’histoire des pays serbes depuis les origines jusqu’à l’avènement du souverain actuel, Pierre Karageorgevitch. Il n’est accompagné d'aucune indication des sources, d’aucune remarque bibliographique. C’est un manuel d'enseignement secondaire. L'ouvrage de M. Jireczek formera deux volumes ‘compacts comprenant un total d'environ 900 pages. Il n’est pas un fait, pas une date, qui ne soit accompagné de références aux sources grecques, latines, slaves, hongroises, italiennes. C’est, pour employer une expression familière, un travail de tout repos ou, pour parler en style plus noble, définitif. Peu de temps après l’apparition du texte allemand, une traduction serbe par M. Radonitch a paru à Belgrade.

Les travaux de M. Jireczek ne sont connus chez nous que de quelques spécialistes. Je voudrais indiquer ici par quel ensemble d’études il s’est préparé à l’œuvre considérable dont nous espérons pouvoir saluer prochainement le couronnement glorieux. M. Joseph Constantin Jireczek, né à Vienne en 1854, appartient à la nationalité tchèque. Son père, Joseph Jireczek, mort en 1895, a joué un rôle considérable dans la vie intellectuelle de la nation tchèque et fut, au cours de l’année 1831, ministre de l’Instruction publique à Vienne. Il avait épousé en 1853 une fille de Schaffarik. L’historien actuel de la nation serbe s’est montré de bonne heure digne de cette illustre origine. En 1876, à l’âge de vingt-deux ans, il prenait le titre de docteur en philosophie à l’Université de Prague et l’année suivante il devenait docent d’histoire de l’Europe orientale à cette même Université. Il étudiait particulièrement celle des peuples balkaniques. Lorsque la Principauté de Bulgarie songea à organiser son enseignement, elle fit appel au jeune savant tchèque, qui avait déjà fait paraître une bibliogra-