Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

UN PRÉTENDANT SERBE AU XVII: SIÈCLE 21

lui offrit du café et le gratifia d’un caftan. A propos de ce séjour à Andrinople Brankovitch invente un épisode, qui paraît être entièrement sorti de son imagination. L’Empcreur pour faire pièce au sultan aurait promis aux nations balkaniques de leur rendre leur indépendance et aurait désigné Brankovitch comme le futur chef de la nation serbe. Et le patriarche dans le plus grand secret aurait, le 8 novembre 1663, dans l’église de Saint-Michel-Archange à Andrinople, sacré le jeune Serbe en qualité de despote. Tout ce récit est mensonger et la critique moderne n’a pas eu de peine à le réfuter. Dans sa chronique Brankovitch à souci de toute autre chose que de la vérité. En réalité le prétendu despote oublié par le prince qui l'avait envoyé, ne recevait de lui aucun subside, et faillit mourir de faim dans Andrinople. Au bout de trois ans il retourna dans son pays, En 1665 il fut encore chargé d’une mission à Constantinople. Il devait conclure un emprunt pour mettre la principauté transylvaine en état d’acquitter son tribut. En 1667 il fut attaché comme interprète à la personne de Husein pacha, envoyé du Sultan près le prince Apalfy. Ces diverses missions valurent au jeune diplomate une précoce expérience et une connaissance approfondie du monde musulman et de ce monde fanariote qui servait les Turcs tout en les exploitant.

Il allait maintenant entrer en relations avec l'État qui dès cette époque lointaine commençait à apparaitre comme le libérateur éventuel des peuples balkaniques. La Russie orthodoxe était le protecteur naturel des coreligionnaires grecs, roumains et slaves, des Slaves particulièrement qui pratiquaient sa langue liturgique et recevaient d’elles leurs livres sacrés. Le frère de Georges Brankovitch, le métropolitain Sava, entreprit au cours de l’année 1668 un voyage en Moscovie pour recueillir des aumônes en faveur d’un de ses Monastères. Le jeune diplomate l’accompagna. Peutêtre avaient-ils tous deux une mission politique, soigneusement dissimulée, pour ne pas exciter les susceptibilités ombrageuses de la Porte. À Lwôw (Lemberg en Galicie),