Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

UN PRÉTENDANT SERBE AU XVII: SIÈCLE £5

tastrophe qui avait accablé son frère, il se résolut à quitter sa patrie et passa en Roumanie.

La situation de cette contrée, vis-à-vis de la Porte, était absolument la même que celle de la Transylvanie. Brankovitch s'établit à Bucarest vers la fin de l’année 1676. Il s'y fit bien venir des boïars et du prince. On prenait au sérieux la généalogie qu'il s’était créée et en vertu de laquelle il se prétendait apparenté à la famille roumaine des Brancovano. A Bucarest il se trouvait presque en famille. On estimait qu’il pourrait jouer un rôle considérable au cas où toutes les nations danubiennes, Autrichiens, Hongrois, Roumains et Serbes réussiraient à se liguer contre la Porte. Le bruit de son nom parvint jusqu’à Vienne et l’empereur Léopold, pour s'assurer ses services, lui conféra, ainsi qu’à son frère le métropolitain, le titre de baron hongrois‘ et le reconnut pour l’héritier légitime de l'Herzégovine et de la Syrmie reconnaissance platonique s’il en fut.

L'empereur Léopold aurait été bien à plaindre s’il n'avait eu contre les Turcs d'autre allié que Brankovitch. Les Tures approchaient de Vienne et au mois de septembre ils s’établissaient devant cette ville. Ce fut un autre Slave, un roi authentique celui-là, Sobieski, qui délivra la capitale et peut-être la chrétienté (12 septembre 1683). On sait par quelle ingratitude il fut récompensé et comment l’Autriche a plus tard remercié la nation polonaise.

Brankovitch n’était pas homme de guerre, mais d'intrigue et de diplomatie. Pendant son séjour à Bucarest il s’efforça de négocier un traité d’alliance entre la Roumanie et la Transylvanie (1685). Il fut même envoyé en mission à Vienne par le prince Serban Cantacuzène en 1688. Serban avait grand peur de se compromettre vis-à-vis de ses voisins immédiats les Tures etles Tartares. Brankovitch n’était pas de ses sujets et il pouvait au besoin le désavouer. De son côté Brankovitch songeait plus à ses propres intérêts qu'à ceux du prince dont il était le mandataire. Il adressa à l’'Empe-

1. Le diplôme est daté du 13 juillet 1683.