Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

€6 SERBES, CROATES ET BULGARES

voyer ir carattere Serpiano, c’est-à-dire en caractères cyrilliques, si besoin est. Et en effet beaucoup de publications ont été éditées dans ce caractère.

Rome s’eflforçcait d'attirer les jeunes Bosniaques au collège illyrien de Loreto, où un certain nombre de leurs congénères de Slavonie, Croatie et Serbie recevaient l’éducation théologique. Sortis du peuple — la noblesse étant devenue musulmane, — les Franciseains furent essentiellement des prédicateurs et des écrivains populaires.

Le plus ancien livre catholique connu est un manuscrit intitulé Hortus animæ, traduit sous ce titre : le Paradis de l'âme. Il est consacré au culte de la Vierge et a été écrit à Belgrade en 1567. On ne sait s’il s’agit du Belgrade de Serbie ou du Belgrade d'Herzégovine.

Le véritable fondateur de la littérature catholique est le frère Mathias Divkovié (1563-1631). Sarajevo où il résidait possédait une colonie de négociants ragusains qui entretenait de perpétuelles relations avec Raguse, l’Athènes sudslave, avec Venise, avec Ancône. Divkovié écrivait ses livres d’édification en caractères cyrilliques ; mais Venise ne possédant point de caractères de ce type, Divkovit les fondit lui-même et imprima dans cette ville un catéchisme qui eut douze éditions (première édition 1611, dernière 1716), un traité des miracles de la Vierge, et des Sermons sur les Évangiles de toute l’année qui ont eu une deuxième édition en 1704.

Dans ces ouvrages il ne s'attache pas seulement aux textes sacrés, il invoque au besoin le témoignage des écrivains profanes, par exemple d’Aristote, qui devait dépasser la portée intellectuelle de ses catéchumènes. On sait à quelles sources étrangères — notamment à quels prédicateurs allemands — Divkovié a emprunté les matériaux de ses ouvrages. À des considérations religieuses il mêle habilement des épisodes, des anecdotes qui l’ont rendu tellement populaire que le peuple savait ses œuvres par cœur.

L'abbé Fortis, dans ce célèbre Voyage en Dalmatie qui devait plus tard inspirer Mérimée, donne à ce sujet un