Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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pas notre affaire d'approfondir la question et il n’est pas à propos de faire trop de recherches à ce sujet et de vouloir pénétrer des secrets d’État. »

Raïtch est un moine très croyant, il raconte gravement comment saint Sava ressuscita le tsar de Serbie Etienne dit le Premier Couronné; il donne sérieusement le nombre de Serbes qui émigrèrent en Hongrie sous la conduite du pa-

q 5 5 triarche Arsène IV conformément au chiffre que le patriarche avait vu en rêve.

En revanche il a une haute idée de son rôle d’historien. Le grand malheur de ses compatriotes, c’est que leur his-

8 P ; toire a été Jusquiei écrite par leurs ennemis qui n’ont eu qu’une idée, celle de décrier et d’humilier la nation serbe. Il veut relever cette nation à ses propres veux, l'aider à

y reprendre la place qu'elle occupait naguère dans l'Orient de l’Europe. Il atteignit ce résultat. En dehors de la seconde 5 édition (de 1823) à laquelle j'ai fait tout à l'heure allusion, l'ouvrage servit de. base à un certain nombre de manuels $ publiés en 1801 à Bude, en 1845 à Bucarest, en 1835 et en 1847 à Belgrade. Jusque vers 1860 il resta la lecture préférée de tous ceux qui voulaient connaitre les anciennes annales de la nation serbe. À dater de cette époque une école plus critique est apparue et nous avons formulé iei même les résultats de ses recherches.

Dosiruée Osrapoviren.

En donnant une histoire au peuple serbe, Raïtch avait en quelque sorte renoué la tradition nationale. Mais cette histoire était encore écrite dans une langue exotique, artificielle, qui n’était pas l’idiome serbe. Ce fut Dosithée Obradovitch qui éleva le serbe à la dignité d’idiome littéraire.

Lui aussi il était moine, lui aussi il fut un clericus vagans et il mena une vie des plus aventureuses. Il étaitné en 1742 ou 1743 à Tchakovo, une bourgade moitié roumaine du Banat de Temesvar, dans le royaume de Hongrie.