Six lettres inédites de Gustaf Mauritz Armfelt à Francis d'Ivernois

B VIII: Lettres de G. M. Armfelt 15

Vi

En mai 1810, Armfelt va en Finlande et de là à Pétersbourg.

Ce voyage, jusqu’à ce jour, est resté assez énigmatique. En Suède on croyait alors qu’il avait pour but des démarches en faveur d’une restauration des Vasas. Tegnér affirme que c'était pour conserver ses propriétés finlandaises et pour faire de l’espionnage. En effet, son vieil ami Antraigues lui avait demandé de renseigner le gouvernement anglais sur la situation à St-Pétersbourg, et l’on connaît une longue lettre d’Armfelt à Antraigues, dans laquelle il raconte entre autres que les officiers de la garde russe méditent de déposer Alexandre I°* et de donner la couronne à la grande-duchesse Catherine, sœur du tzar etfemme du prince d’Oldenbourg?.

A Pétersbourg, Armfelt est très froidement reçu. Le tsar ne lui accorde une audience qu’au bout de deux semaines d'attente, et ce n’est que par l’intermédiaire du comte Speranski, du Ministère de la Justice, qu’il réussit à lui soumettre un mémoire sur les affaires finlandaises. En revanche il est fort bien reçu par la grande-duchesse Catherine.

Voyant le peu de succès de ses démarches, Armfelt décide de se retirer définitivement dans son cher domaine d’Âminne. 11 quitte la Russie et rentre en Finlande. Pour liquider définitivement ses affaires en Suède, il va à Stockholm en septembre 1810. C’est de là qu’il écrit la lettre suivante:

Stockholm, ce 8 Octobre 1810.

Monsieur,

Je commence à craindre qu’une lettre que j'ai eu l’honneur de vous adresser de Saint-Petersbourg, à la fin du mois de Juin, ne vous est parvenue. — Le mal n’en seroit pas grand,

1 Dans les papiers de d’Ivernois (carton I, pièce 11) se trouvent quatre pages écrites de sa main, intitulées Nofe curieuse sur Le Baron dd’... et sur la Russie, En voilà le contenu:

« Peu de semaines après son arrivée à Pétersbourg, en juin dernier, le Baron d’... n'écrivit qu’il avait complètement échoué dans ses plans, que Romanzoff ne lui avait permis de voir l'Empereur qu’en sa présence, que tout ce qu’il en avait obtenu était de fixer ses regards sur le malheureux état de la Finlande et qu’il désespérait de faire changer le système politique de ce cabinet.

« À son retour à Stockholm, il m'adresse la lettre suivante où il cite (comme en passant) son désir et son besoin de lettres de crédit pour quitter la Suède. »

Suit le texte de la lettre V.

2 Cf. o. c. IL, p. 235.