Six lettres inédites de Gustaf Mauritz Armfelt à Francis d'Ivernois

18 O. KaRmiIN et H. BIAUDET B VIIL, >:

VI

Le 11 octobre 1810, Armfelt avait reçu la déclaration qu’il n’était plus sujet suédois. Le 20 octobre de la même année il fit des démarches en Russie pour devenir citoyen finlandais et pour conserver ses possessions en Finlande L'empereur Alexandre lui accorda gracieusement ses demandes.

Quoique devenu ainsi un étranger à la Suède, il passa à Stockholm l’hiver de 1810 à 1811, et se fit présenter à Bernadotte dès l’arrivée du nouvel « héritier du trône». Celui-ci l’accueillit avec grande amabilité. Mais bientôt la passion d’Armfelt pour les intrigues et ses critiques des affaires suédoises le firent tomber en disgrâce. Le 29 mars 1811, Bernanotte lui intima l’ordre de quitter sans retard le territoire suédois.

Armfelt se retira à Âminne: il y écrivit La lettre suivante :

ÀAminne en Finlande ce 22 août 1811.

Monsieur

Il n’y a que dix jours que j'ai eu le plaisir de recevoir la letttre du 18 juin que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. Celle qu'il vous a plus, Monsieur, de m'écrire il y a huit mois ne m'est jamais parvenu. J'en suis bien faché sous tous les rapports, car l’incertitude dans laquelle j'ai été sur les moyens de

«vue parût d’un succès aussi probable qu’il le croyait desespéré lorsqu'il y a « séjourné. »

« Ce billet, qui lui sera remis en mains propres, a croisé une autre lettre que vient de recevoir le gouverneur de son fils pour me communiquer qu’il a 0btenu la démission de \foutes ses places et de toutes ses ‘charges, qu’il est libre de faire ce qui convient à ses principes et à ses affaires, et qu’il soupire d'autant plus après le moment de son départ, qu'il ne peut plus sortir sans être armé, ni sans armer ceux de ses gens qui ont sa confiance. Je désire surtout, ajoute--il, des nouvelles positives de l'Espagne et du Portugal, pour les transmettre en Russie où ces événements sont attendus comme un ARRÊT DE VIE OU DE MORT. On commence à ÿ ouvrir les yeux. Mais la PEUR y est si bien établie qw'il est impossible de la chasser à moins d’en faire naître une plus grande ou des probabilités de succès.

« Il semblerait d’après cela, que le Baron d’.... serait assez disposé à aller se fixer à Pétersbourg et qu’il n’est retenu que par des difficultés d'argent. » *

* Unique en son genre dans les papiers de d'Ivernois, et d’autant plus singulière qu’il avait

conservé la principale lettre dont il donne la copie in-extenso, cette note semble être le brouillon d’une communication faite au gouvernement anglais. Elle ne s'explique pas autrement.