Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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dats le plus nécessaire dans l’art de la guerre, savoir bien tuer et bien se défendre. Après avoir séjourné à St. Jean-Pied-de-Port une vingtaine de jours, qui ne furent point perdus pour la tenue de notre bataillon, nous partimes pour Salamanque, en repassant par Bayonne. C'était le 22 octobre ; nous atteignimes Victoria, où nous restâmes quelques jours; nous devions en faire autant à Burgos, mais nous reçümes l’ordre de repartir tout de suite. Trois jours plus tard, nous fûmes obligés d'avancer à marches forcées et de doubler les étapes jusqu’à Valladolid. Le pays que nous traversions est assez beau ; le paysan y cultive la vigne et quelques oliviers, mais les villages ont un aspect pauvre, sale et délabré, qui faisait mal à voir.
Notre bataillon marchait à la gauche de l’armée, aussi avions-nous beaucoup de peine à nous ravitailler, et nos jeunes recrues souffraient beaucoup des privations qu’elles devaient endurer. Espèce d’arrière-garde, nous n’avions, après tout, que ce que les troupes françaises voulaient bien nous laisser. Le peuple nous regardait passer avec une certaine impassibilité de mauvais aloi, qui se traduisait souvent par des assassinats.