Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
21951.
moyen de m’endurcir à la fatigue ; aussi n’ai-je pas cessé d’y recourir en Italie, en Portugal et même en Russie.
De Santarem, nous retournâmes à Abrantès. Nous étions très mal logés dans cette dernière ville, quoique les vivres fussent en abondance. Bien que notre régiment eût horriblement souffert dans ces maudits déserts du Beira, je fus étonné de voir combien peu d'hommes nous manquaient, après un voyage fait à travers un pays sauvage, inhabité, et dans une saison aussi affreuse que le mois de novembre 1807.
D’Abrantès, où nous restâmes environ trois mois, nous reçûmes l’ordre de nous rendre à Elvas, ville située au sud, dans la province de l’Alentejo et à peu de distance de Badajoz. Nous eûmes six journées de marche d’Abrantès à Elvas. C’est un très beau pays, mais mal cultivé et plein de brigands de la pire espèce. Je crois devoir raconter un trait qui caractérise ces coquins-là. Avant d'arriver à Elvas, j'étais à l’arrière-garde, lorsque je vis sur la route l’un des nôtres, blessé au pied, et ne pouvant plus avancer. N’étant plus qu’à une portée de fusil de notre destination, je l’encourageai à se remettre en marche, puis je le