Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 9
l’Électeur de Cologne : on ne pouvait se méprendre à son accent, ni méconnaître son origine germanique. Le Premier Consul se tournant une fois vers lui : « De quel pays êtes-vous, monsieur le préfet? » — « Chénéral, répondit l’ancien conseiller de l’Électeur de Cologne, che souis des noufeaux débardements di Rhin. » — « Ah! reprit Bonaparte, je ne l’aurais pas cru, vous parlez comme un Parisien. » Puis il passa à l’un de ces examens qu'il faisait subir quelquefois aux fonctionnaires. Il aimait à les mettre, comme on dit, sur la sellette.
Bonaparte savait sans doute que l’on jouait beaucoup à Beauvais. « Quel est, dit-il, le produit des cartes à jouer dans ce département? » Le chef d'administration, auquel il s’adressait, perdit son aplomb et hésita. — Il n'avait pas l'esprit d’à-propos de ce préfet qui, plus tard, dans une occasion semblable, répondit à l'Empereur lui demandant combien il était passé, depuis un an, d'oiseaux de proie dans son département : « Un seul, Sire, et c'était un aigle. » — Le Premier Consul, voyant la contenance embarrassée de celui qui devait répondre à sa question, reprit : « Quel est celui de ces messieurs qui pourra me donner ce renseignement? » Personne ne répondit. Ceux qui auraient pu parler se seraient d’ailleurs gardés de le faire, par égard pour le fonctionnaire interrogé.
Il y eut peu de personnes admises à la table du Premier Consul. Elle ne se composait que du pré-