Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
16 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR
Il fallait ensuite réunir à Boulogne les différents convois ; il fallait à chacun un commandant et des pilotes. La marine anglaise, composée de plus de cent vaisseaux, était en observation le long de notre côte. Tous ces convois, génés dans leur marche par cette flotte, serraient de trop près la côte, éprouvaient des avaries continuelles et ne pouvaient parvenir que difficilement au lieu désigné pour le rassemblement.
On m'avait envoyé avec ma batterie à Dannes, petite plage entre Boulogne et Étaples. Mon service m'obligeait sans cesse à escorter les embarcations qui se trouvaient serrées par les vaisseaux ennemis (1). Chose remarquable mes meilleurs pointeurs sur terre échouaient complètement dans leur tir sur mer, aucun point intermédiaire ne leur permettant de mesurer la distance, qu'ils jugeaient toujours trop rapprochée. Les Anglais, ayant un calibre plus fort que le mien, et aussi plus d'habitude, montraient sur nous une supériorité marquée : ils nous tuèrent quelques hommes.
Étant sur la côte, nous eûmes quelquefois la bonne aubaine de recueillir des débris de nau-
(4) Au mois de septembre 4803, le Premier Consul — en vue de protéger contre les navires anglais les bateaux de transport — avait fait échelonner sur la côte des détachements de cavalerie « avec des batteries d'artillerie attelées, dressées à manœuvrer avec une extrême rapidité et à courir au galop sur les sables laissés par la mer à découvert. » (Tuarers, livre XVII). (Note de l'éditeur.)