Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
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Les mêmes scènes se renouvelèrent au relais suivant, le maréchal répétant que le vœu de la patrie devait toujours être le guide d’un soldat. Nous arrivämes à Dôle; le maréchal se logea dans le bel hôtel du comte de Valdahon. Les généraux Lecourbe et Bourmont, le chef d'état-major La Genetière étaient aussi arrivés et logés en ville. Dans le salon de l'hôtel Valdahon, se trouvait le portrait du comte, dans son brillant uniforme de mousquetaire, et celui de la comtesse. Ce dernier me frappa par la grâce et l'élégance du modèle. Je demandai au domestique si je pouvais rendre mes devoirs à sa maîtresse. On m'introduisit chez Mme de Valdahon : c'était une femme charmante. Après un long entretien, je réussis à lui inspirer quelque confiance et elle me dit qu’elle me chargerait d’une lettre pour son mari, qui était au service du roi.
Tout à coup, à 6 heures du soir, entre Clouet. Cet officier avait quitté le maréchal pour accepter dans la bouche du roi une charge héréditaire de famille. À la nouvelle du débarquement, il était parti, le 12 mars, de Tours, afin de reprendre son titre auprès de son ancien maréchal. Apprenant la défection de Ney, il n'avait pas moins continué sa route, caché sous un déguisement, et il était parvenu jusqu’à nous à grand'peine, en traversant les pays insurgés au nom de l'Empereur : « Où est le maréchal, dit-il vivement, où est le maréchal? Je veux lui parler. » Et il se précipite vivement dans