Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 9281

la chambre que je lui indique. Là, j'entends qu’une scène des plus vives a lieu. Sans doute, Clouet tenait au maréchal le même langage que moi, mais avec des expressions plus animées, sans toutelois y mettre les mêmes sentiments de reconnaissance, de douleur et d'intérêt. Clouet s'échappe de la chambre du maréchal, passe dans le cabinet de Dutour, saisit une feuille de papier blanc, et se donne à lui-même un ordre ainsi conçu : Il est ordonné à mon aide de camp Clouet de se rendre sur-lechamp à Paris avec mon cuisinier et un domestique. Par ordre du maréchal, signé. Puis il appose sur la feuille le cachet du maréchal et part. Le maréchal vient dans le salon et me dit : « Levavasseur, où est Clouet? Il est fou; voyez-le. Conçoit-on cet officier pour lequel j’ai tout fait? Tâchez de le calmer; il va faire des sottises. » Pensant qu'une démarche auprès de Clouet serait inutile, je restai.

Le lendemain matin, au départ, nous apprimes que Bourmont et Lecourbe étaient partis en poste avec Clouet, les deux généraux déguisés en domestiques de la maison du maréchal, et qu’ils avaient pris la route de Paris. Le chef d'état-major La Genetière, ayant appris la fuite de Bourmont et de Lecourbe, crut devoir aussi abandonner son poste et s’expatria en Suisse.

En sortant de Dôle, le maréchal me fit encore prendre place auprès de lui. En ce moment, arriva Mme de Valdahon, tenant à la main une lettre qu'elle me donna. A la sortie de la ville, le maré-