Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 325
retraite d’un des corps mettait fin à ces démonstrations. On y brûlait autant de poudre que dans les véritables combats : il y avait souvent aussi des blessés.
Tout était prêt pour notre embarquement; toute l’armée enivrée chantait :
En Angleterre nous irons (bis), Armés de verres et de flacons. C’est pour braver l'artillerie, Comme aussi leur infanterie.
Ici tout le monde buvait et le coryphée, prenant un pistolet, le faisait partir, puis on reprenait en chœur :
Oh! le bon compagnon, Il a bien tiré son canon!
Indépendamment du couplet patriotique, on chantait mille chansons à boire où le cynisme le disputait à la trivialité.
Un jour, au milieu d’une orgie semblable, dînant dans le salon d’une des premières maisons de Montreuil, le brave et grand Colbert, de glorieuse mémoire, crut faire une excellente plaisanterie en tirant son pistolet chargé à balle sur un portrait de famille, suspendu à la tapisserie. Il y eut plainte à la suite de laquelle Colbert fut mis aux arrêts par le maréchal Ney. Commandant alors le 10° chasseurs, le colonel Colbert nous avait rejoints en sortant de la garnison de Fontainebleau. Il amenait