Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

32 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

Cependant, pour que le service ne manquât pas, il avait été attaché à chaque division des préposés à la fourniture des vivres et des fourrages; mais ces préposés, qui pour faire leur service auraient dû nous précéder, étaient, au contraire, toujours en arrière. Dès le premier jour de notre sortie de France, ne voyant pas de distribution de nos fournisseurs, nous nous fîmes donner par les habitants tout ce qui nous fut nécessaire : ils s’y prétèrent d’ailleurs avec la meilleure grâce. Dès lors, rien ne manqua à l’armée; tout le pays traversé par elle lui fut livré entièrement. Les contrées ne furent plus qu'une vaste auberge ouverte splendidement à nos soldats, qui furent hébergés à souhait. Notre autorité sur les habitants devint telle que, voulant ménager les 200 chevaux du train de mon artillerie, je requis 200 chevaux allemands que je fis atteler à mes pièces et à mes caissons, tandis que la compagnie du train suivait en colonne haut le pied, l'officier en tête. Les chevaux me servaient pendant deux ou trois étapes jusqu'à ce que j'en trouvasse d’autres. Et tout cela, dans le but d’avoir mes chevaux frais le jour du combat.

Une invasion de ce genre n'avait donc pour nous rien que d’heureux. Il est vrai que de tels avantages n'appartenaient qu'à l'avant-garde, et les troupes qui arrivaient après nous ne tardaient pas à trouver le pays épuisé.

Les fournisseurs, qui nous suivaient et qui ne nous étaient d'aucun secours, trouvèrent plus