Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
CAMPAGNE DE 1805 : AUSTÉRLITZ 41
trompé sans doute sur notre véritable situation, opère sa retraite.
Toute notre cavalerie s’étant retirée, je restai seul avec toute ma batterie, pendant plus de trois heures, sur ce point, car, à cette époque, la mode n’était pas encore venue pour les officiers d’abandonner leurs pièces. Vers les six heures, on entendit le tambour : c’étaient les Grenadiers d'Oudinot qui arrivaient. Ils passèrent près de moi, sur la gauche, dans les broussailles, et parvinrent au dehors du bois, où ils rencontrèrent l’ennemi, l’attaquèrent et le repoussèrent : Oudinot fut blessé.
Le lendemain et le surlendemain, 7 novembre, l’armée continua son mouvement en avant, vers Saint-Pülten; nous apprîimes que les Russes s'étaient séparés des Autrichiens, et que l'Empereur les avait battus à Krems (1). Nous ne tardâmes pas à rejoindre de nouveau la queue de la colonne ennemie et je continuai de lancer mes boulets toutes les fois que j'en trouvais l’occasion. Elle se présenta, en avant de Saint-Pülten, de la manière la plus favorable, mais ce n’est point le brave Walther qui était à la tête de la division :
(1) De fait, Kutuzow, qui s'était arrêté derrière la Traisen près de Saint-Pülten, évita la bataille en faisant filer son armée le long de la rivière, dans la nuit du 8 au 9, et en la transportant sur la rive gauche du Danube pour là grouper autour de Krems : il ne laissait sur la rive droite qu’un peu de cavalerie autrichienne avec le général Kienmayer, qui se repliait directe-
ment sur Vienne, tandis que plus au sud se retirait la colonne du général Merveldt. (Note de l'éditeur.)