Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 55

lui rendre dans ma position, je quittai seul ma batterie au galop. passai la rivière et arrivai auprès du général Sébastiani qui me demanda où j'allais. « Je cherche, lui dis-je, une position où je puisse établir mes pièces et vous soutenir. »

Je m'avançai en reconnaissance et j’aperçus sur ma droite un gros de cavalerie qui se dirigeait dans le vallon sur le flanc droit du général. Je retournai en toute hâte à ma batterie et commandaï : « En avant! en colonne. » J’arrivai au pont assez à temps pour arrêter la cavalerie ennemie et protéger la nôtre, qui, sans mes canons, eût été écrasée dans sa retraite en cet étroit passage.

A ces démonstrations, répétées chaque jour, l'Empereur reconnut qu'il fallait cesser de poursuivre l'ennemi et rester en position jusqu’à l’arrivée de tous les corps de l’armée. IL était néanmoins très important de livrer bataille avant l’arrivée du prince Charles qui, venant d'Italie en toute hâte, n’était plus qu’à vingt lieues de Vienne.

Les Russes étaient réunis à Olmütz; les Autrichiens les accompagnaient et ils se préparaient ensemble à nous combattre. Nous prîmes position le 27 novembre. Le prince Murat avait disposé sa cavalerie à droite et à gauche de la grande route d’'Olmütz, entre Brünn et Posorzitz; nos avantpostes étaient au delà de Wischau; nous fîmes le surlendemain retraite vers Gratzen. Mais l'Empereur se garda bien d'assurer ses derrières.