Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 59
heures du matin et nous servaient ce dont ils avaient pu s'emparer : c'était surtout sur les poulaillers qu’ils exerçaient leur industrie.
L'armée renfermait en outre dans son sein et dans tous les grades des voleurs et des pillards qui ne se faisaient pas scrupule de prendre l'argent de leurs hôtes et les dévalisaient d'objets inutiles à nos besoins, mais on peut dire que ces hommes excitaient le mépris de la grande majorité : ils n’étaient considérés que sur le champ de bataille, où ils ne manquaient jamais de se montrer les plus braves.
Enfin, l’armée est refaite par huit jours de repos. Nous étions près du village d’Austerlitz; le soir du 1« décembre, l'Empereur ordonna qu'il fût distribué des rations d’eau-de-vie, et il prescrivit l’attaque pour le matin. Nous étions séparés de l’ennemi par un vallon au milieu duquel coulait un ruisseau. Déjà nous avions préparé des ponts pour le traverser.
Le 2 décembre, dès 2 heures du matin, on distribue l’eau-de-vie et on donne en même temps l’ordre du mouvement. L’enthousiasme est à son comble : « Vive l'Empereur! » s’écrient quatrevingt mille hommes, et, s’emparant du feu des bivouacs, ils en jettent en l’air les bois enflammés : bouquet magnifique, offert par les soldats à leur