Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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« qui donnait autrefois des conseils à SaintBillard pour de largent, et l'absolution à ses dévotes pour des confitures ». Il raconte la malencontreuse aventure dont l'évêque d'Arras avait été la victime : « M. Despinchal vient de donner une lecon à l'évêque d'Arras, dont nos prélats avaient besoin pour les avertir. qu'il est de leur devoir d'éviter le flagrant délit. M. de Gouzier aurait épargné 12,000 francs, s’il avait été moins voluptueux et qu'il se fût contenté d’une bergère. M. Despinchal, l'ayant trouvé au lit avec sa maîtresse, l'a forcé de lui rendre 500 louis qu’elle lui avait coûtés depuis deux mois; après quoi, il lui a cédé tous ses droits de propriété, moyennant cet arrangement. » Après avoir complaisamment mis en reliefles scandales quicompromettaient PÉglise et ses ministres, Morande constate qu'à ce relâchement des mœurs ne correspond pas un redoublement de tolérance à l’égard des incrédules. Il oppose le procès et l'exécution du malheureux chevalier de la Barre, qu'il traite d’assassinat exécrable, à l'impunité qui, en des temps moins irréligieux, était assurée aux attentats des frondeurs. « Ce qui eùût été regardé avec indulgence il y a cinquante ans, peut attirer une mort affreuse cinquante ans après. Le cardinal de Retz prend séance au Parlement de