Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS. 07

lui en ont demandé quittance et ont refusé l'argent qui leur a été offert pour garder le secret sur cette pâmoison. »

Morande n'affiche pas moins d’irrévérence pour les grands dignitaires ecclésiastiques. Il leur attribue des mœurs beaucoup plus grecques que romaines, bien que Le norice soit pris le premier à partie : « Le nonce de Sa Sainteté vient de recevoir du Sacré Collège un présent de douze pages qui seraient en état de faire le service du cardinal le plus difficile; le Souverain Pontife y a joint deux eunuques noirs pour veiller à leur conduite et empêcher les seigneurs français d'envahir les privilèges de la cour de Rome. » À en croire le libelliste, mais on ne le croira pas, — l’aimable cardinal de Bernis !, ambassadeur de France à Rome, celui que Voltaire surnommait Babet la bouquetière, « avait été naturalisé romain par les cardinaux Pallavicino et Acciaioli ». Morande s'égaye aussi sur le compte de l'abbé Grizel

1. « On écrit de Rome qu’on a frappé une estampe allégorique et tout à fait plaisante. Elle représente le pape dans un berceau qu’agite doucement M. le cardinal de Bernis, et au bas il est écrit : Z[ a beau faire, ilme berce, mais il ne n’endormira pas. On a attaché cette pasquinade, suivant l’usage, à la statue de Marforio. Elle n’a pas besoin de commentaires. » Mém. secrets, 12 nov. 1700.