Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS. 101

le quinze, le vingt et un, le trente et quarante ont plus de vogue que jamais. Il cite par leurs noms les grands seigneurs auxquels la passion du jeu a fait commettre les actes les plus coupables : un duc de Duras qui, après avoir escroqué r million, va fonder à Bordeaux une maison suspecte avec le juif d’Albuget, dit Belarise, et une escorte d’autres fripons; un Maranisse qui va jusqu'en Pologne pour apprendre l’art de tricher; un duc de Mazarin qui s’est rendu fameux par tous les genres de désordres; et ce marquis de Fleury, fils d’un premier gentilhomme de la chambre, qui dérobe à ses dupes une somme de 1,500,000 livres et se hâte, le coup fait, de prendre la fuite. Les malheureux créanciers vont trouver le père, qui répond, avec onction : « Mon fils, Messieurs, vous vole en ce monde, mais Dieu sera votre récompense dans l’autre. » Le pharaon surtout faisait rage. Morande prétend que les escrocs se glissaient jusque dans les appartements du duc d'Orléans, au Palais-Royal. Le comte de Genlis est accusé formellement par le libelliste d’avoir introduit chez le prince trois voleurs de profession, nommés Fontaine, Amiot et Dufour. Au Luxembourg, demeure de Monsieur, même scand : Le comte de Modène, gouverneur du palté