Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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sorier de France qui venait, au nom du roi, de lui verser une gratification. « J'ai usé mes forces à demander : il ne m'en reste plus pour remercier. »

Au siècle suivant, la littérature satirique et diffamatoire, étouffée un moment par la main de fer de Richelieu, se déchaîne dans l’anarchie de la Fronde avec une rage et des éclats qui atteignent jusqu’au trône. Telle des mazarinades, par exemple /a custode de la reine qui dit tout, sont d’une violence qui n’a jamais été dépassée. Puis le grand règne s’ouvre et les voix outrageantes se taisent pour un temps :

Le dieu, poursuivant sa carrière, Verse des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs,

Mais, lorsque Louis XIV est descendu au tombeau, ensevelissant avec lui la société qu'il avait formée à son image, lorsque les ressorts du gouvernement absolu se sont amollis et faussés et que les grands eux-mêmes applaudissent aux indiscrétions, aux diffamations impitoyables qui dévoilent leurs faiblesses et leurs fautes, toute une meute aboyante et hurlante de gens de lettres faméliques se précipite à l’assaut de l’édifice qui chancelle, en élargit les brèches et déchire les voiles des alcôves royales