Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE PEINTRE DE MŒURS, 107

Entre tous les mondes que Morande met en scène et qu'il fait revivre dans ses libelles, celui qu’il connaît le mieux, c'est assurément celui de la galanterie. Cette race des femmes de plaisir, il en est le peintre et le biographe. Il nous la montre dans la rue, au théâtre, dans le palais des grands seigneurs et dans les petites maisons des princes. Regardez : la voilà qui défile sur le boulevard de Paris, cette foule éblouissante et dangereuse. Morande, assis sur une chaise, ne laïsse rien perdre du tableau : « Quelle satisfaction de voir cent mille beautés passer çà et là; les unes coiffées en hérisson, d’autres portant coiffures à l'enfant, d’autres enfin couvertes de panaches énormes, vous clignoter d’un œil assassin : une autre vous faire remarquer, en affectant de rire, une petite bouche qu’elle pince en retirant ses joues; une autre serrant de ses deux mains son mantelet, pour montrer l'élégance de sa taille; celle-ci dans sa voiture, un petit maître à sa portière qui, tout en ricanant, lui déclare le feu qu'elle a su lui inspirer, tandis que par-dessus sa tête, parfumée de l'odeur la plus forte et accompagnée de plusieurs boucles flottantes, elle fait des signes à d’autres qui passent devant elle. Quel agréable tableau! O Athènes, tu crois ne plus exister, et l’on te