Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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retrouve chaque jour sur nos boulevards ‘! » Les mœurs et la corrüption élégante de la Grèce ne renaissaient pas seulement sur les boulevards de Paris. La galanterie envahissait jusqu'aux églises et aux couvents. Il y avait à Longchamps, dans le bois de Boulogne, une abbaye de filles qui, au moment de la semaine sainte, servait de but de promenade à la haute société du temps. Comme l’abbaye possédait de belles voix, on était censé aller à ténèbres. Mais les fideles prirent, en faisant leurs dévotions, une attitude si inconvenante que l’église

1. Ce passage, que nous citons d’après la Gazette noire, se trouve tout entier dans le Chroniqueur désœuvré ou l'Espion du boulevard du Temple. Londres, 1782, 2 vol. in-12. V. t. I, p. 15. La Gazette noire reproduit de même beaucoup d’autres passages du Chroniqueur désœuvré, sur lesquels nous aurons à revenir, à propos des cafés et des théâtres. Mais quelle conclusion faut-il tirer de ce plagiat manifeste? Au premier abord, on serait tenté d'admettre avec Quérard que le Chroniqueur désœuvré était l’œuvre de Mayeur de Saint-Paul, cet acteur et directeur de théâtre qui eut une vie si accidentée, joua à l’'Ambigu et chez Nicolet, passa en Amérique vers 1780, puis revint fonder à Bordeaux le théâtre du Vaudeville; enfin fut engagé à Paris, en 1705, au théâtre de la Cité, et mourut à la fin de 1818. La délicatesse littéraire de Morande qui, nous l’avons vu plus haut, s’approprie, sans indiquer la source, un mémoire entier du Parlement, ne peut inspirer une confiance suffisante pour détourner de lui toute accusation de plagiat. Cepen-