Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Morande appelle « Pillustre emploi de Mercure », a pour rival le danseur, qui se contente de faibles appointements, « parce qu’il ne doit qu’à sa maîtresse ses habits brodés, ses montres et autres bijoux, fruits des différents sacrifices qu'elle offre à la déesse des amours ».

Il ne faudrait pas trop médire des danseurs! Sous l’ancien régime, c'étaient des hommes de grande importance. Vestris ne voyait que deux noms plus glorieux que le sien : Frédéric le Grand et Voltaire. Le diou de la danse, comme on l'avait surnommé, ne savait pas lire : c’est ce qui permit à son camarade Gardel, maître de ballet à l'Opéra, de lui jouer un tour pendable, Comme Vestris montrait à tout le monde un permis de chasse que le comte d'Artois lui

de nombreux passages de la Gazette noire, qui est due, personne ne le conteste, à la plume de Morande. Il nous suffira de citer l’oraison funèbre de Mme Paris (Gaz. n., p. 116), qui devient dans le Vol plus haut (p. 72) l’oraison funèbre de « très sensible et très voluptueuse Laguerre, grande prêtresse de Vénus, etc.» Au chap. xx du Vol plus haut, lelibelliste anonyme réédite aussi les détails donnés dans la Gazette noire (p. 176) sur la passion qu’'inspira la courtisane la Prairie au prince de Soubise, sans oublier certain mot de l'abbé Terray. Est-il supposable que le Gazetier cuirassé ait osé piller aussi effrontément un autre écrivain que lui-même? Nous croyons plutôt qu’il a tiré deux moutures de son sac, par simple paresse ou par spéculation.