Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Dauberval a laissé un nom moins populaire que Vestris. Ses aventures valent néanmoins la peine d'être indiquées en quelques mots. Il avait débuté à l'Opéra, comme danseur, le 12 juin 1761, à l’âge de dix-neuf ans, dans l'opéra de Zaïs, de Cahusac et Rameau. Jamais homme de théâtre n’excita à ce point l’adoration du plus beau des sexes. A la suite d’une maladie grave qu'il fit en mars 1776, les femmes de la plus haute aristocratie lui envoyèrent force pâtisseries, pièces de volaille et vins généreux pour hâter sa convalescence 1. C'était la Du Barry qui avait donné le mouvement, en ouvrant une souscription pour payer les dettes du danseur. Elle atteignit 90,000 livres, et Louis XV avait versé 10,000 livres pour sa part?. Successivement amant de la

1.« Vous serezaffligé avec tout Paris, dit PEspion anglais, de la maladie grave survenue au sieur Dauberval, qui fait désespérer qu’il puisse jamais reprendre le caractère de la danse avec cette vigueur et cette aisance qu'il réunissoit au suprême degré, » T. Il, p. 273. — Lorsque Dauberval, en mars 1770, fut chassé de l'Opéra, sans retraite, par M. de Caumartin, prévôt des marchands, pour avoir avec Mile Duplan, qui fut l’objet des mêmes sévérités, fomenté une rébellion contre la direction de l'Opéra, les princes, les ministres les duchesses prirent parti dans ce grave conflit. V. Mémoires secrets, 15 mars 1779. MlleDuplan ne quitta l'Opéra qu’en avril 1785, avec Mlle Rosalie.

2, On peut lire la lettre de remerciment, que Dau-