Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

L'OPÉRA. 129

Guimard, puis de Cécile, élève de Vestris, Dauberval se lia ensuite avec M'° Crépé, dite Théodore, créature charmante et romanesque qui avait débuté en 1776 à l'Opéra comme surnuméraire de la danse. C’est elle qui demandait à Rousseau des conseils sur la manière de se conduire au théâtre et qui, costumée en amazone, se battit au pistolet avec une de ses camarades de l'Opéra, M'° Beaumesnil, les quatre témoins appartenant au méme sexe. L'énergique Théodore exerça aussi ses taients littéraires en écrivant plusieurs lettres où les ministres et la direction de l'Opéra n'étaient pas ménagés. Mal lui en prit, car Amelot, le ministre de la maison du roi, la fit arrêter par un agent de police dans un château de la Champagne où elle était allée vivre avec Dauberval. Ils ne tardèrent pas à se marier authentiquement et quittèrent l'Opéra pour courir la province. Ils devaient tous deux survivre à la Révolution *.

berval écrivit à la Du Barry, le 10 avril 1774, dans les Anecdotes secrètes sur la comtesse Du Barry, édit. Uzanne, p. 250.

1. Après un caprice de six semaines pour le chevalier de N.…. Théodore revint à Dauberval et trouva cette excuse délicate : « C’est moi, c’est votre infidèle, si je le Suis. Tu n’as donc pas remarqué que le chevalier a tous tes traits : mêmes yeux, même sourire : il