Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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et l'appelle madame; fureur de la mère qui se met en devoir d’administrer à son ingrat rejeton une correction retentissante. Le marquis de Chabrillant eut grand'peine à séparer les deux interlocutrices et les ramena dans sa voiture. Tous ces brillants gentilshommes qui encombraient les couloirs de l'Opéra n'étaient pas attirés seulement par les charmes dela musique. Guidés par les conseils intéressés du personnel masculin des chœurs, ils prenaient l’Académie royale pour une académie de galanterie, pour une sorte de sérail à l'usage du grand monde. C'est là que le prince de Soubise rencontrait Mi la Prairie, qui fit les beaux jours de la petite maison de Pantin, avec ses camarades, M'° Maillard et Coulon‘. Chez le prince

1. Mie Maillard avait débuté le 17 mai 1782, à POpéra, dans le Devin de village. Elle obtint un grand succès qui se confirma l’année suivante, quand elle joua l’un des rôles secondaires de l’Armide de Sacchini. Elle remplaça Mile Laguerre dont la perte faisait un vide dans la troupe de l'Opéra; mais elle s’éleva difficilement aux premiers rôles, bien que M. de la Ferté, son amant, eût essayé de lui donner ceux de Mne SaintHuberty. En septembre 1786, elle joua cependant avéc grand succès le personnage de Médée, dans l'Opéra de la Conquête de la Toison d'Or. Quant à Mie la Prairie, elle était fille d’Audinot, le célèbre directeur de l’'Ambigu. La sœur de la Prairie était aussi à l'Opéra. La maîtresse du prince de Soubise fit une fin en épousant Gardel l'aîné, maître des ballets de l'Opéra.

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