Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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comme chez labbé Terray, les costumes se distinguaient par la simplicité, C’est là encore que le prodigue duc de Bouillon se lia avec une actrice de l'Opéra, Mi Laguerret, pour laquelle 1l

1. Mlle Laguerre causa plus d’un scandale. En août 1772, On la surprit en flagrant délit dans une loge, pendant une répétition. Le complice était le président de Meslay, de la Chambre des comptes (Wémoires secrets, 27 août 1772). Les prodigalités du duc de Bouillon achevèrent de mettre l'actrice sur un piédestal. La reine en fut très indignée, d'autant plus que le duc avait dit que sa maîtresse était plus désirable que la souveraine elle-même (/bid., 21 juillet 1775), ce qui avait été répété à Marie-Antoinette et n’avait que médiocrement flatté son amour-propre. Laguerre avait d’ailleurs du talent. Dans A/ceste, elle obtint un grand succès qui excita la jalousie de Sophie Arnould (Zbid., 19 mai 1776). En septembre 1778, le duc de Bouillon se réconcilia avec Laguerre, qui l'avait trahi pour son laquaiset, en échange de nouveaux plaisirs qui ne durèrent qu’une nuit, la gratifia d’un service en porcelaine, d’une bague et d’une modeste somme de 1,000 louis (Jbid., 13 septembre 1778). L'actrice ne prit pas pour cela plus de considération pour la haute noblesse, car elle donna toute son affection à l’apothicaire Cassaigne, qu’on surnommait, à l'Opéra, le premier commis de /a guerre, Le jour où il mourut, elle fut désolée et joua fort mal son rôle daus l’opéra dHellé (5 janvier 1770). Elle se dédommagea dans Écho et Narcisse en août 1780. On s’accorda à vanter « sa voix touchante et sensible ». D'ailleurs un cœur d’airain : le fermier général Hudry de Soucy voulut la posséder. Elle lui répondit : « Je ne vous en donne pas pour deux ans, et l'exemple du duc de Bouillon doit vous instruire. » Le fermier général la prit au mot, et au bout de deux ans il avait