Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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rHÉaTRE pes Associés : Visage et Salé. — La boutique de Curtius. — Lettre inédite de Curtius aux administrateurs de Paris. — Le cabinet de physique de Comus. — Les cafés du boulevard. — Les vielleuses. — Les tripots et leurs directrices.

L s’en fallait de beaucoup que l’industrie des [ entrepreneurs de spectacles fût libre et sans entraves, sous l'ancienne monarchie. N'avait pas qui voulait le droit d'amuser ses semblables. L'ordonnance du 22 octobre 1680, signée de Louis XIV et de Colbert, avait accordé à la troupe de Molière, fondue avec celle de l'hôtel de Bourgogne, le privilège de jouer la comédie à Paris, à l'exclusion de tous les autres comédiens français. Ce privilège exorbitant fut maintenu, tant bien que mal, jusqu'en 1764. Mais alors surgit une concurrence formidable. Nicolet et Audinot entrent en scène avec leurs marionnettes et leurs bamboches ou comédiens de bois. Il faut étudier successivement ces deux personnages, que Morande a couverts de boue dans la Gazette noire et le Chroniqueur désœuvré, mais qui ont largement contribué, — ilest juste de le reconnaître, — à l’émancipation du théâtre dans notre pays:

Le théâtre de Nicolet était le plus ancien des théâtres du Boulevard. Nicolet père dirigeait depuis trente ans un théâtre de marionnettes