Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

LES THÉATRES DU BOULEVARD. 163

aux diverses foires de Paris, lorsque Nicolet fils, — celui qui devait illustrer la dynastie des Nicolet, — loua, en 1760, une salle construite par Fourré, élève de Servandoni, sur le terrain qu'occupe actuellement l'Ambigu-Comique. Un peu plus tard, en 1764, il fit construire une nouvelle salle sur des terrains loués à M. de Chavannes. Dans cette salle, la troupe de Nicolet s'était bornée, au commencement, à ne jouer que des parades et des pantomimes. Les ordres de la police enjoignaient aux acteurs forains de s'abstenir de parler et de chanter. Mais peu à peu ils s’enhardirent : le souverain lui-même les encourageait et leur avait permis de prendre le titre de grands danseurs du roi. Ils en vinrent à jouer de véritables comédies. Nicolet eut bientôt trente acteurs appointés, vingt instrumentistes dans son orchestre, soixante danseurs et deux cent cinquante pièces à son répertoire. Le public prenait goût au nouveau genre de spectacle, un peu grossier, mais parlant aux sens. Alors la Comédie-Francaise s'émeut et saisit le Parlement ‘. Elle

1. Les petits théâtres donnaient, en général, deux représentations, l’une l’après-dîner, l’autre la nuit : on y construisait de petites loges qu’on louait d'avance à des personnages souvent haut placés. Enfin lesthéâtres des boulevards ne fermaient que le dimanche des Ra-