Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

LES THÉATRES DU BOULEVARD. 165

entraîner à ces nouveautés, et la préférence qu'il donna aux obscénités et aux frivolités de ce spectacle fut telle que les trois grands spectacles de Paris devinrent, à cette époque, presque déserts. La Comédie-Française, en particulier, fut obligée de fermer plusieurs fois pendant la semaine, faute de spectateurs ‘. Cette vogue du théâtre des grands danseurs du roi s'expliquerait difficilement si l'on adoptait, sans y regarder à deux fois, les allégations de Morande qui, dans la Gazeïte noire, traite Nicolet avec un parfait dédain. Ce n’était pas un homme de lettres, écrit le pamphlétaire, puisqu'il ne savait ni lire ni écrire; ce n'était pas non plus un musicien, puisqu'il ne savait pas distinguer la différence de la clef de sa chambre avec la clef de so. Il faudrait lui appliquer ce mot fait sur un acteur de province : « Il jouait les financiers comme les arlequins, et les arlequins comme les financiers. » Quant à M"° Nicolet, le gazetier ne la ménage pas davantage. « Elle ne joue plus, dit-il; elle

1. Mémoire et consultation sur la cause pendante en la Grand'Chambre du Parlement entre les comédiens français, le sieur Nicolet et les autres entrepreneurs de spectacles forains, 28 mai 1785. Ce mémoire était suivi de l'approbation de Gerbier, Coqueley de Chaussepierre, Japineau de la Voute, Hardouin de la Reynerie .